La consommation de viande de cabris s’est perdue ; c’était la viande des repas de famille, à pâques ou pour des retrouvailles. Beaucoup de familles avaient quelques chèvres, aux mises bas du printemps, on tuait les cabris pour les retrouvailles !
Maintenant les élevages sont moins nombreux et plus gros.
Mais les cabris naissent toujours chaque année, nombreux, pour répondre à la demande croissante de fromage de chèvre…
Jusqu’au confinement, des fermes spécialisées dans l’engraissement de cabris prenaient nos cabris à une semaine et les engraissaient au lait en poudre pour être ensuite expédiés surtout en Italie. Cela ne nous satisfaisait pas pleinement, car nous ne savions pas où allaient nos animaux ni dans quelles conditions ils étaient élevés. Malgré tout, une filière était organisée et compensait l’absence de clients pour cette production inévitable sur notre ferme.
En 2020 les expéditions ont baissé, la filière s’est écroulée avec le confinement, arrêtant le ramassage des cabris sur les fermes ou en ramassant quelques uns à des prix très très bas. Aujourd’hui avec la hausse du coût de l’énergie, les fermes n’ont pas toutes repris leur atelier d’engraissement de cabris. Ça ne vaut plus le coût…
Voilà le contexte difficile de tous les élevages de chèvres : Que faire des cabris ?
A la ferme, notre idéal est de pouvoir élever tous les animaux qui naissent chez nous. Cela implique de devoir vendre toute la viande que la production de fromage nécessite, en valorisant celle-ci localement.
Ainsi, nous vous proposons régulièrement du veau, du bœuf, du porc. Au printemps, les cabris ne font pas exception. Pour le boeuf et le porc, nous arrivons à tout vendre en direct ou presque.
Mais en cabris, c’est encore compliqué. A force de discussions, vous êtes de plus en plus nombreux à redécouvrir la viande de cabri et à l’apprécier. Mais, cela ne nous permet pas encore de vendre tous nos cabris.
Chaque année, nous avons une période où nous trouvons que le monde est devenu fou (bon… ça arrive souvent, mais la question des cabris est un déclencheur de prise de conscience de la folie du monde !) : la demande en fromage de chèvre augmente, car par rapport au lait de vache ce serait meilleur pour la santé (c’est un autre débat, je m’étalerai une prochaine fois sur ce sujet..
)…mais la viande de cabris n’est plus assez consommée.
L’incohérence de nos sociétés de consommation déconnectée des réalités agricoles interroge.
Alors, sur les élevages, on essaye de s’adapter en tentant de diminuer le nombre de naissances : des expérimentations pour faire des lactations longues (=pas de mise bas tous les ans), d’autres expérimentations pour induire des lactations sans mise bas… Mais les résultats sont incertains et cela demande de vrais investissements en temps, en argent et en matière grise. Et surtout cela interroge sur ce qu’on veut comme monde car, naturellement, les chèvres font un petit tous les ans et donnent du lait grâce à ça.
Alors voilà où nous en sommes ! Je chante à chaque marché « si t’aimes le fromage de chèvre, mange du cabris, si t’aimes le fromage de chèvre, mange du cabris, … »
Maintenant vous comprenez mieux pourquoi vous m’entendez chanter et insister pour les commandes de cabris !
Retrouvez dans un prochain article de nombreuses recettes pour cuisiner cette viande délicieuse !